Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Inclusion numérique & ESS - conférence en ligne 2019

mer 19/06/2019 - 15:04

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Si la révolution numérique est engagée depuis plusieurs décennies, le mouvement s’accélère entraînant avec lui un nombre important d’évolutions : évolution de l’organisation du travail, des métiers, du rapport à la communication, du rapport aux administrations et aux services publics, des modes de consommation, etc. 

Face à ces évolutions, les inégalités sont fortes, l’étude Capacity conduite par le GIS M@rsouin publiée en 2017 estime que 16% des français de plus de 18 ans ne sont pas internautes. Cet illectronisme est particulièrement important en quartier populaire.

C’est sans doute dans l’accompagnement des publics touchés par la fracture numérique que les collectivités ont un rôle fondamental à jouer, en s’appuyant sur l’ESS en particulier et en impulsant des dynamiques partenariales.

Des initiatives de l’ESS s’emparent effectivement des problématiques liées à ces évolutions : fracture numérique, insertion professionnelle, formation, éducation populaire, réponse aux besoins de publics, développement du lien social, etc.

Cette conférence, enregistrée dans l'école du web de Vitry-sur-Seine du Pôle S tout juste inaugurée, est l'occasion de découvrir des initiatives développées par des structures et des collectivités en faveur de l'inclusion numérique en quartiers populaires.

  • Idir Igoudjil, responsable du pôle numérique au Pôle S

Le Pôle S est une structure d’insertion par l’activité économique (SIAE) créée en 1987, à la Caravelle, cité emblématique de Villeneuve-la-Garenne. Le cœur d’activité du Pôle S est l’emploi, la formation et l’accompagnement socioprofessionnel, et ce quelque soit l’outil ou le dispositif développé. Le Pôle S porte de plus une vision pour les quartiers populaires, il s’agît de lutter contre les assignations dans toutes leurs dimensions : l’assignation sociale et professionnelle (faire vivre la mobilité sociale), l’assignation territoriale (les quartiers ne sont pas des territoires indésirables) et l’assignation raciale.

Avec un chiffre d’affaire de 3 Millions d’€, le Pôle S développe une diversité d’activités : activités classiques de l’IAE (entretien des espaces verts et des espaces publics), ainsi que des initiatives et expérimentations : création d'un Atelier et Chantier d'Insertion (ACI) qualifiant de gardien d’immeubles en 2009, et 1ère promo de 15 demandeurs d’emploi sur 1 an de « référent du numérique » en 2013. Le Pôle S a ensuite lancé les Ecoles du web : formations de 10 mois de développeurs intégrateurs web en ACI avec double qualification. Le Pôle S a pensé des dispositifs qui répondent aux problématiques des habitants des QPV et notamment des jeunes : 36% de chômage chez les moins de 30 ans, 71% sont en dessous du niveau de qualification BEP/CAP et 50% des jeunes en QPV sont en dessous des seuils de pauvreté, d’où le fait d’avoir imaginé des formations en insertion qualifiantes et rémunératrices. Les Fabriques numériques ont ensuite été développées autour des activités de médiation au numérique notamment : la dématérialisation complète de l’administration d’ici 2020 porte un risque fort en matière d’accès au droit si aucune action n'est mise en place.

Le Pôle S envisage le numérique comme un outil de sortie des assignations diverses : prétexte pour faire de l’insertion socioprofessionnelle et de la formation, opportunité de création d’activités dans les quartiers et moyen de faire venir des personnes extérieures au quartier.

Le travail avec les collectivités est envisagé en réciprocité : les collectivités procurent des ressources matérielles et financières (locaux, tribune, etc.), des aides à la mise en œuvre des projets (notamment dans le rapport avec les bailleurs et les communes sur la réalisation des travaux) et un ancrage dans le tissu territorial local. La collectivité Grand Orly Seine Bièvre a notamment eu un rôle très important de facilitateur dans l’installation de l’Ecole du web de Vitry-sur-Seine mais aussi dans la mise en lien avec l’ensemble des acteurs de l’ESS du territoire. Et en contrepartie, le Pôle S apporte une bonne connaissance des problématiques rencontrées par les habitants des quartiers populaires, développe de l’activité économique et de l’emploi dans les quartiers politiques de la ville et favorise l’attractivité de ces territoires.

  • Thomas Courtial, Directeur du développement numérique et Stéphanie Bardon, Cheffe de Mission - Direction Développement économique et Emploi de l’Etablissement Public Territorial (EPT) Grand Orly Seine Bièvre

Grand Orly Seine Bièvre est un territoire très urbain de 700 000 habitants, avec 31 quartiers en politique de la ville et 37 quartiers de veille qui concernent 200 000 habitants soit 28,5% de la population.

Le service ESS s’est intéressé au Pôle S car il portait des actions répondant aux enjeux du territoire. L’Ecole du web avait vu le jour à Villeneuve-la-Garenne et Stéphanie Bardon trouvait qu’en matière de support d’insertion le Pôle S proposait quelque chose de très innovant qui croisait en outre les projets de rénovation urbaine et leur dimension insertion et développement économique. Grand Orly Seine Bièvre a alors accompagné le Pôle S pour la recherche de locaux et l’identification des besoins du territoire. Il se posait alors la question de savoir comment le territoire incluait dans ses politiques la question de l’inclusion numérique (suppose d’anticiper des actions de formation).

La transformation numérique est aujourd'hui au cœur des politiques publiques menées par le Territoire : aménagement du territoire (infrastructures numériques) ; attractivité économique et créations d’activités et d’emplois ; innovation / nouveaux services/ nouveaux métiers ; inclusion numérique et sociale sur les territoires et envers les publics les plus fragiles ; formation des publics (habitants, salariés, agents publics) ; citoyenneté ; accessibilité des services publics ; gestion et sécurisation des données ; gouvernance numérique.

Grand Orly Seine Bièvre a élaboré un plan d’action multidimensionnel, adapté à ses problématiques économiques et sociales : soutien aux filières numériques de la sphère marchande, développement durable, commande publique responsable avec des clauses de réemploi, et médiation numérique y compris auprès des agents. Mise en réseau de l’ensemble des acteurs de la médiation numérique : associations, structures de l’ESS, institutions, etc. afin de tenter de structurer toute l’offre numérique du territoire : réalisation d’une cartographie, échange de bonnes pratiques, etc. et dispositif interne de médiation numérique pour les agents sur 2 ans.

Les leviers d’action sur lesquels s'appuie l’EPT : le projet de Territoire qui fixe des ambitions en matière d’innovation, d’inclusion sociale et territoriale ; une feuille de route du développement économique et de l’emploi avec un volet ESS ; le contrat de ville qui place l’inclusion numérique et sociale parmi les priorités d’actions ; un plan d’action numérique en cours d’élaboration qui favorise la médiation numérique et le développement des nouveaux usages ; la mobilisation de dispositifs de soutien nationaux pour déployer le plan d’action numérique et  accompagner le Territoire dans la mise en ouvre des ambitions autour du numérique.

  • Claire Namy, chargée de mission Projets et territoires, projets européens, santé et usages du numérique, Direction Cohésion sociale et Politique de la ville, à Grenoble Alpes Métropole, présente le programme d’action partagée sur les usages numériques en quartiers prioritaires développé par la métropole.

Grenoble Alpes Métropole regroupe 49 communes et 400 000 habitants, 10 quartiers politique de la ville et 10 quartiers en veille active : 40 000 habitants.

Grenoble Alpes Métropole a saisi l’opportunité des fonds européens ITI : des fonds FEDER fléchés sur les quartiers politique de la ville. En 2016, Grenoble Alpes Métropole a conventionné avec la Région pour axer les fonds ITI sur les axes numérique, rénovation thermique et développement économique. En premier lieu la métropole a réalisé un diagnostic en faisant appel au Fil des Idées, l’objectif visé était surtout de mettre en réseau les acteurs du territoire plus que de faire un diagnostic quantitatif, celui ayant déjà été réalisé par Emmaüs Connect quelque temps auparavant.

La métropole a réuni l’ensemble des acteurs du numérique et mis en place une journée découverte, pour une découverte des usages et le lancement de la dynamique. Suite à cette journée, un programme d’action partagé a été mis en place et plusieurs axes ont été définis :

  • l’accès aux savoirs de base, aux outils et à l’accompagnement (permanences connectées, formations, acquisition de matériel si possible en économie circulaire et gros enjeu de la sensibilisation des élu.e.s peu informés sur les enjeux de la fracture numérique, accompagnement des communes dans la mise en place de leur plan de développement) ;
  • l’accès aux droits (enjeux notamment liés à la dématérialisation des services publics avec la création d’une commission inter-institutionnelle sur la dématérialisation); l’éducation, parentalité, santé (développement du sens critique, etc.) ;
  • la participation citoyenne (formation aux outils qui permettent l’expression citoyenne) ;
  • l’insertion emploi (adaptation aux outils numérique, formations courte durée de personnes éloignées de l’emploi à des métiers de data technicien, université du numérique, etc.).

Ce plan d’action est gouverné par un comité de pilotage, un comité d’animation et le pôle ressources qui réunit 13 acteurs du numérique du territoire : SCOP, MJC, une bibliothèque municipale, Emmaüs Connect, L’Age d’or, etc. qui apportent leurs compétences numériques aux différents porteurs de projets du territoire. Ce pôle ressource a plutôt une visée professionnelle mais un centre ressources métropolitain devrait prochainement être créé avec un poste métropolitain de coordination et un axe davantage ouvert au public.

Les freins rencontrés depuis 2016 : énormément d’actions mais toutes ne pratiquent pas la coordination et cette coordination est très chronophage. Peu d’élus des communes mobilisés avec de fait une certaine inertie des communes du territoire et un axe participatif encore peu développé. Du côté des leviers, Grenoble Métropole a pu s’appuyer sur des acteurs du numérique nombreux et mobilisés, une excellente maîtrise d’ouvrage réalisée par le Fil des idées, des financements européens fléchés dans le cadre de l’ITI.

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