Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 4 octobre 2013

« L ’ESS répond aux enjeux des communes rurales »

Professionnel de la santé mentale, Michel Da Cunha connait l'ESS et l'IAE de l'intérieur. Elu en 2008 conseiller général de Corrèze, il se voit confier par François Hollande, alors président du conseil général, la charge de faire du département l'un des moteurs du développement de l'ESS locale. Une mission qu'il poursuit aujourd'hui en tant que vice-président du département, en charge de la jeunesse, de l'ESS et du numérique. Rencontre.

Comment se développe l'ESS en Corrèze ?
Il y a depuis longtemps une tradition coopérative dans la Haute Corrèze avec un impact fort sur la vie sociale et le développement économique local. Ainsi, dans cette zone, l'ESS peut représenter plus de 15 % des emplois ! Pour autant, avant 2008, le secteur s'est développé seul, sans bénéficier de soutien institutionnel du département... Seul le Parc Naturel Régional soutenait quelques uns des projets.
François Hollande avait bien conscience de l'importance de l'ESS dans la vie sociale et économique corrézienne. Il souhaitait renforcer ce rôle clef en terme de création d'emplois et de développement économique endogène. En 2010, nous avons donc lancé une démarche d'inventaire de l'existant en Corrèze... Démarche qui a mis en lumière de très nombreuses expériences ainsi que la nécessité de renforcer les transferts de savoir-faire entre « nouveaux » et « anciens ».

document.jpgComment le département s'est-il ensuite impliqué dans le soutien à l'économie sociale et solidaire ?
Nous avons souhaité appliquer les principes de l'ESS dans la construction et la mise en œuvre des politiques publiques la concernant. Nous avons ainsi travaillé avec plus de 80 structures du département pour définir précisément les besoins et élaborer le plan départemental de soutien au secteur. Ce plan, adopté en 2012, permet à l'ESS de bénéficier d'un budget de 850 000 euros, hors soutien à l'IAE, pour la période 2013-2015. Pour arriver à ce budget ambitieux compte tenu de la situation financière du département, nous avons à la fois travaillé sur la mise à disposition de nouveaux crédits mais aussi sur la réorientation de dispositifs existants et la mobilisation de co-financements.

Pour vous, le développement de l'ESS doit être pensé de façon transversale. Concrètement, comment cela se traduit-il ?
Si nous demandons aux acteurs de travailler dans la transversalité, nous devons, en tant qu'institution nous appliquer les mêmes règles ! Une demande de financement ne doit pas rester sans réponse parce que l'on ne sait pas à quel service l'adresser... Il s'agissait donc de décloisonner intelligemment le travail des services susceptibles d'accueillir des porteurs de projets. Nous avons ainsi mis en place une commission interne d'arbitrage et un pourcentage des budgets des différents services départementaux est réservé à l'ESS.
Autre exemple : notre Agenda 21 dont nombre d'actions sont donc désormais estampillées « ESS ». Développement du covoiturage, des circuits-courts, des ressourceries : les liens avec l'ESS sont évidents. Encore fallait-il que cela soit visible pour les citoyens... Ce sont ce genre d'actions qui désenclavent un secteur plus que porteur !

document.jpgComment se poursuit cette démarche de co-construction des politiques publiques « ESS » ?
Dans le cadre du suivi de la mise en œuvre du plan de développement, nous avons installé un comité départemental de l'ESS qui rassemble les partenaires institutionnels en 3 collèges: les acteurs, les organismes professionnels (consulaires, URSCOP, CRES, France active, DLA, ...) et enfin les collectivités locales, EPCI, la Caisse des Dépôts et les services déconcentrés de l’État. Son rôle est multiple : suivi du plan départemental, construction d'une vision stratégique, lancement d'expérimentations et de groupes de travail, étude de demandes de financements...
Aujourd'hui, notre envie est d'y associer plus largement les communes rurales. Pourquoi, parce que l'ESS répond à leurs enjeux, qu'il s'agisse du maintien d'activités économiques en zones rurales, du développement de nouveaux services de proximité ou de la requalification des centres bourgs... Sur ce dernier point, je suis convaincu que l'exemple des dispositifs ANRU de renouvellement urbain, par leur approche transversale, peuvent être des sources d'inspiration pour les communes rurales. Et les acteurs ESS jouent un rôle essentiel dans ces démarches !

Quel regard portez-vous sur l'action gouvernementale de soutien à l'ESS ?
C'est déjà une victoire qu'il y ait une politique nationale de développement du secteur portée par un ministre dédié. Et soulignons que l'élaboration de la loi s'est faite en concertation avec les acteurs de l'ESS et les territoires ! Nous attendons maintenant avec impatience son adoption qui viendra renforcer nos dispositifs locaux de soutien au secteur. J'ai toutefois une inquiétude quant à la reconnaissance du rôle des départements dans le développement de l'ESS. Cette mission est certes récente pour beaucoup de conseils généraux mais elle est et sera essentielle dans les zones rurales. Tout ne doit pas se concentrer autour des conseils régionaux et des agglomérations !

Le conseil général de Corrèze vient de rejoindre le RTES. Quelles sont vos attentes ?
Notre adhésion au réseau répond à un souci d'efficacité. Sortir de notre bocal, voir ce qui se passe ailleurs nous permettra d'agir plus vite en s'inspirant de ce qui marche sur d'autres territoires. Je suis un adepte du transfert de savoir-faire et de la structuration des réseaux. Rejoindre le RTES s'inscrit pleinement dans ces démarches.



Pour en savoir plus :
- Télécharger le plan départemental de soutien à l'ESS.
- Point sur la mise en oeuvre de la politique départementale (avec pages 6,7 et 8 une présentation du comité départemental ESS).
- A découvrir également les rubriques ESS et développement durable sur le site du Conseil général de Corrèze


Crédit photo logo:©cg19