Interview de Nicolas Schmit par Agence Europe - Réfugiés ukrainiens, il faut dès à présent réfléchir à « la prochaine étape »
Bruxelles, 21/03/2022 (Agence Europe)
Le commissaire européen à l’Emploi et aux Droits sociaux, Nicolas Schmit, s’est longuement entretenu avec EUROPE, vendredi 18 mars, sur les dossiers chauds qui sont sur sa table, à commencer par la crise des réfugiés et le Fonds social pour le climat en lien avec la crise de l’énergie. (Propos recueillis par Pascal Hansens)
Agence Europe : La Commission européenne a présenté dernièrement l'initiative CARE. Certains estiment que ce n’est pas suffisant. Tout d’abord, connaît-on précisément combien il reste de fonds dans le cadre par exemple du FSE de 2014-2020 ?
Nicolas Schmit : On connaît à peu près ce que sont les restants dans le Fonds social européen (FSE), le Fonds européen de développement régional (FEDER) et surtout dans REACT-EU, où il y a beaucoup d’argent.
Le problème qui se pose, notamment pour le FSE, c'est que quelques pays directement concernés par la vague de réfugiés, comme la République tchèque, n’ont plus de fonds disponibles. Les pays baltes n'ont pratiquement plus rien non plus, car ils ont tout utilisé. En fait, ceux qui ont bien travaillé, qui ont absorbé tout l'argent, se retrouvent un peu en difficulté.
...Est-ce que la Commission européenne travaille dès lors sur une suite à l’initiative CARE ?
Bien sûr, il faut réfléchir à une prochaine étape ! Il ne faut pas s'attendre à ce que la guerre se termine demain. Aujourd’hui, on est à 3 millions de réfugiés, mais on va certainement atteindre 4 peut être 5 millions et il ne faut pas exclure les pires scénarios, à savoir 10 millions de réfugiés.
Les pays en première ligne sont en difficulté. Il faut réfléchir à d'autres moyens. Alors, le budget européen pour le moment n'a plus tant de flexibilité. On est engagé dans un processus de réflexion sur éventuellement d'autres approches, y compris financières, mais il est trop tôt pour aller dans les détails.
La stratégie européenne est-elle d’intégrer sur le long terme les réfugiés sur le territoire européen ?
Il faut penser sur le long terme. Hier on a eu une réunion avec les partenaires sociaux, la CES et BusinessEurope entre autres. Ils sont absolument disposés à travailler dans cette logique d'intégration dans le marché du travail. Il faut envisager que ces jeunes puissent s’intégrer dans des apprentissages et des formations.
Du terrain, nous remonte que les réfugiés, principalement des femmes, veulent travailler. Les réfugiés ne veulent pas rester dans des camps. Il faut donc évaluer leurs compétences.
Autre point d’importance : certes, il y a un élan de solidarité avec l'Ukraine pour le moment. Mais ça ne va pas durer éternellement. Il ne faut pas donner l’impression aux gens que les aides et les politiques sociales en faveur des réfugiés vont se faire à leur détriment. C’est important de ne pas perdre cela de vue.
Peut-on orienter les réfugiés dans des secteurs en pénurie de main-d'œuvre ?
Oui, bien sûr. Je crois que là où les gens ont plus de chances de trouver un job, c'est dans les secteurs en tension. Un autre enjeu est d’éviter les abus. Il y a le problème des trafiquants. Les réfugiés sont dans une situation de vulnérabilité et risquent d'être exploités. C’est un point sur lequel il faut être intraitable.
Retrouvez l'interview complète sur agenceurope.eu
Le Commissaire européen Nicolas Schmit a accordé au RTES une interview pour présenter les objectifs, les enjeux et les prochaines étapes du plan d'action européen pour l'ESS. Cet entretien était mené par Patricia Andriot, vice-présidente du RTES et présidente de la commission Europe du réseau. Retrouver le replay de cet entretien sur notre article dédié en cliquant ici