Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

https://www.rtes.fr/a-present-l-ess-fait-partie-de-la-gouvernance-economique-territoriale-entretien-avec-emeline-baume
Publié le 9 décembre 2020 - mis à jour le 20 juillet 2022

« À présent, l'ESS fait partie de la gouvernance économique territoriale ! » - Entretien avec Emeline Baume

Emeline Baume est 1ère vice-présidente de la Métropole de Lyon, en charge de l'Économie (dont l'ESS), l'emploi, le commerce, le numérique et la commande publique. Elle revient pour nous sur sa feuille de route pour le développement de l'ESS dans la métropole lyonnaise et sur les actions d'urgence engagées dans le cadre de la crise Covid-19. Également administratrice du RTES et coprésidente de la commission Économie circulaire & ESS de France urbaine, elle nous présente les synergies possibles entre ces deux réseaux.

Quels sont les grands axes de votre action pour le développement de l'ESS dans la métropole de Lyon ? Quelle articulation avec les autres thématiques de votre délégation ?

La métropole de Lyon a une habitude de coconstruction des politiques avec les acteurs économiques, mais jusqu'à présent les acteurs de l'ESS n'y étaient pas intégrés. Outre la CCI, la CMA, le Medef et la CPME, nous avons donc intégré l'Union des entreprises de proximité (U2P), le Centre des jeunes dirigeants d'entreprise (CJD), la CRESS Auvergne Rhône-Alpes et l'URSCOP, de sorte qu'à présent, l'ESS fait pleinement partie de cette gouvernance économique territoriale !

Nous considérons que l'ESS, c'est de l'économie, et pas un petit sujet au croisement de la vie associative et de l'économie. À ce titre, nous voulons donner accès aux acteurs de l'ESS à l'ensemble des outils utilisés dans le cadre du développement économique :

  • en formant nos développeurs économiques aux questions de l'ESS ;

  • en donnant accès aux acteurs de l'ESS aux opportunités foncières et immobilières, au même titre que n'importe quelle TPE/PME/PMI ;

  • inversement en ouvrant notre Fondation de soutien à l''innovation sociale à d'autres entreprises que celles de l'ESS et en assurant l'accès des acteurs de l'ESS à notre futur fonds d'amorçage industriel ;

  • en adaptant notre commande publique aux capacités de production des entreprises de l'ESS afin qu'elles puissent répondre à nos marchés ;

  • en agrégeant les coopératives d'activité et d'emplois (CAE) et en s'assurant que le pool de consultants au sein de notre système d'accompagnement des entrepreneurs lyonnais « LYVE » sensibilise les porteurs de projets à l'entrepreneuriat en ESS. LYVE accompagne à l'entrepreneuriat (en idéation, incubation, post-création) notamment au sein de différents pôles entrepreneuriaux sur le territoire.

À plus long terme, nous avons la volonté de faciliter l'articulation d'organisations de l'ESS avec d'autres acteurs économiques autour de 3 filières d'activités majeures, qui ont un fort impact en terme d'émission de gaz à effet de serre et qui ont besoin de créer des boucles locales d'économie circulaire: l'alimentation, le bâtiment et le textile.

L'objectif est de faciliter la création de lieux intégrant une diversité d'acteurs, quel que soit leur statut ou profil entrepreneurial, avec notamment un projet en cours de création d'un tiers-lieux autour de la mode et du textile.

Sur le bâtiment, nous allons mettre en place deux projets en lien avec des grands groupes du BTP, des bailleurs sociaux et des associations : Chantier R et Station R. Il s'agit respectivement d'un service d’optimisation du tri sur chantier, visant à former les agents en insertion et les SIAE sur ces nouveaux métiers ; et d'un consortium de fournisseurs de matériaux et matières réemployées de second œuvre au sein d'une plateforme de dépôt-vente.

Sur l'alimentaire, où existent déjà beaucoup d'initiatives, nous souhaitons développer des contrats territoriaux de coopération avec des territoires voisins (sur la production agricole et énergétique, mais aussi sur l'accompagnement des acteurs sur la logistique du dernier kilomètre). Nous voulons également renforcer la lutte contre les gaspillages, en facilitant notamment la création de petites unités de transformation/conserveries et en développant la consigne, pour les boissons, mais aussi pour des contenants consignés que les consommateurs récupèrent lors de leur pause méridienne dans les zones denses de bureaux.

Nous souhaitons également porter, d'ici deux ans, la création d'une fondation territoriale agrégeant la puissance publique et les grands comptes RSE autour d'une même offre de services de mécénat de compétence, de subventions et d'avances remboursables.

Enfin, sur le numérique, nos priorités portent sur l'inclusion numérique et la sobriété des usages, des défis sur lesquels les acteurs de l'ESS sont généralement les mieux placés. Nous devons voir comment imbriquer cela avec l'arrivée de médiateurs numériques territoriaux dans le cadre de France Relance.

Quelles sont les actions d'urgence mises en place dans le contexte de la crise Covid-19 ?

Nous avons doté la CRESS Auvergne Rhône Alpes en novembre 2020 de 25 000 euros afin de faciliter la remontée des besoins des acteurs de l'ESS et de mieux les orienter vers les aides de l’État.

Par ailleurs, nous avons fait appel à Rhône Développement Initiative, AlterIncub et Ronalpia, en lien avec l'URSCOP, pour qu'ils structurent une offre d'accompagnement post-crise, qui devrait être mise en oeuvre au plus vite en 2021. Nous avons toutefois pleinement conscience que pour certains acteurs ce sera déjà un peu tard, notamment pour ceux implantés en quartiers populaires et dont le modèle économique est adossé à de la restauration.

Vous avez été élue début septembre au Conseil d'administration du RTES. Qu'est ce qui a motivé votre implication ?

Je connaissais déjà bien le RTES, et c'est intéressant pour moi de pouvoir échanger avec des élus d'autres types de territoires, ruraux ou péri-urbains. Le RTES propose ces temps ponctuels de partage d'expérience entre élus dont on a intensément besoin.

Je souhaitais également prendre ma part aux actions de plaidoyer que porte le RTES à l'échelle nationale et européenne. C'est important qu'au sein du RTES, des personnes de différents territoires, extérieurs à Paris, aient envie et soient en capacité de faire du plaidoyer, en promouvant les solutions portées par les acteurs de l'ESS.

Vous êtes par ailleurs coprésidente de la commission « Économie circulaire & ESS » de France urbaine. Comment voyez-vous les synergies entre France urbaine et le RTES ?

Je vois justement des convergences possibles sur les deux points essentiels que je viens d'évoquer : le partage d'expérience entre élus et le plaidoyer, en mutualisant le partage des bonnes pratiques et en s'accordant pour porter en commun certains enjeux de plaidoyer.