Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Comment penser et mettre en œuvre une mobilité durable accessible à tous en milieu rural comme urbain ? Retour sur le club des collectivités ESS en Grand Est
Publié le 13 avril 2022 - mis à jour le 14 avril 2022

Une mobilité durable pour tous en milieu rural comme urbain ? - Retour sur le club des collectivités ESS en Grand Est

Organisée en visioconférence avec la CRESS Grand Est dans le cadre du club des collectivités ESS en région Grand Est, cette rencontre était l'occasion d'échanger autour de la thématique "Comment penser et mettre en œuvre une mobilité durable accessible à tous, en milieu rural comme urbain ?".

Co-animés par Arnaud Magloire (coordinateur territorial de la CRESS Grand Est) et Anne-Laure Federici (déléguée générale du RTES), ces échanges ont permis de partager plusieurs expériences, en mettant en évidence les réponses apportées par des acteur.rice.s de l'ESS, en lien avec les collectivités locales.

Retrouvez également le replay du club ici

Les transports sont essentiels dans notre vie quotidienne : pour se former, aller au travail ou retrouver un emploi, accompagner les enfants, se soigner…  Mais le manque de moyens de transports dans de nombreux territoires crée un sentiment d’injustice et une forme d’assignation à résidence. 

Sept millions de français rencontrent des difficultés dans leurs déplacements quotidiens, et près d’un quart des français déclare avoir déjà renoncé à un emploi ou une formation faute de moyens pour se déplacer. Le coût des déplacements constitue le premier obstacle à la mobilité pour 50% des français, et la tendance va sans aucun doute se renforcer dans les mois qui viennent.

Les derniers mouvements sociaux français se sont illustrés par des revendications liées à la mobilité, au « pouvoir bouger ». Pour autant, ils dépassent les simples enjeux liés aux besoins de déplacement quotidien. Ils renvoient plus profondément au sentiment d’intégration sociale, économique et sociétale. 

La mobilité constitue également handicap par rapport à l'attractivité de certains territoires. 

Enfin, la mobilité est un enjeu écologique et de santé publique majeur : les déplacements sont le premier secteur d’émissions de gaz à effet de serre en France, avec 29% des émissions en 2017 (dont 50% rejetées par les  voitures individuelles).

Au cœur du sujet de la mobilité, facteur d’émancipation individuelle et de cohésion sociale, se trouve l’articulation entre transition écologique et justice sociale. Quelles réponses apportées par les acteurs de l’ESS pour une mobilité durable accessible à tous ? Comment les développer, notamment par une meilleure coopération avec les acteurs publics territoriaux ? 

Didier Riquet, coordinateur mobilités du Pays de Langres, a témoigné de la démarche mise en place par un territoire rural (22 habitant.e.s/m2) confronté aux problématiques d'isolement, d'accès au soin et d'autonomie de ses habitant.e.s. Pour répondre à ces problématiques, plusieurs actions ont été développées à l'échelle du PETR du Pays de Langres (à qui les intercommunalités ont transféré la compétence mobilité depuis début 2022):

  • Création de Linggo, plateforme en ligne proposant un bouquet de mobilités sur le territoire pour répondre aux besoins des usagers
  • Kiosque de la mobilité, ouvert 35 heures/semaine, pour centraliser les informations et services de mobilité en Pays de Langres
  • Transport à la demande (TAD), avec un coût fixe de 3 € par trajet, numéro vert de réservation
  • Développement de solutions alternatives aux transports en commun, avec par exemple du covoiturage avec Mobicoop et l'accompagnement d'une association du territoire.Des services spécifiques sont mis en place en fonction des besoins (par exemple une ligne spécifique vers une entreprise d'insertion, ou pour les entretiens d'embauche de jeunes suivis par la Mission Locale)

Didier Riquet souligne l'importance, avant de développer de nouveaux services, des actions de communication ciblées.  Le budget global annuel est de l'ordre de 200k€ annuel, réparti entre le territoire et la région Grand Est (entre 80 et 100KE  pour le PETR). Hors période de covid, le système comptait entre 7000 et 8000 réservations par an (pour une population de 38 000 habitants à l'époque)

Nina Agenor, responsable des partenariats à Mobicoop, a présenté les actions de Mobicoop, Société Coopérative d'intérêt collectif (SCIC) de covoiturage, dont l'action est guidée par des valeurs fortes autour de l'écologie. Une des solutions pour la réduction des GES étant le partage de la mobilité, accessible à tous. La particularité de Mobicoop (qui a fusionné avec Rezo Pouce en 2021) étant d'intégrer dans la gouvernance toutes les parties prenantes, notamment les collectivités territoriales et les entreprises. Mobicoop compte aujourd'hui 540 000 comptes utilisateurs et 1170 sociétaires.

Mobicoop propose aux collectivités différents outils :

  • Covoiturage : Rezo.pouce (ex en Lorraine),  avec une application et des panneaux qui permettent aussi de sensibiliser.
  • Transport solidaire : rezo.solidaire, taxi citoyen de proximité (avec un taux maximum de 32 cts/km fixé par décret pour le transport d'utilité sociale, qui peut être pris en charge par l'AOM,ou financé par des subventions spécifiques par exemple pour les allocataires du RSA)
  • Autres gestions de flotte, pour collectivité et entreprises

Et des services :

  • Diagnostic Plan Mobilité
  • Accompagnement, avec support animation, communication
  • Différents services, notamment covoiturage à courte distance, le plus difficile à mettre en place (avec un principe d'absence de commission)

Ces actions sont en open source et interopérables. Par exemple, pour le Pays de Langres, Mobicoop a intégré une brique covoiturage sur la plateforme existante. Mobicoop travaille aujourd'hui avec plus de 110 collectivités. Il est possible de créer une plateforme personnalisée, en marque blanche, souvent à l'échelle de régions (IDF, Bretagne,...), avec différentes briques: transport solidaire, création de communautés locales, pour des événements..

A noter, que même dans le cas de services assurés par des bénévoles, au-delà de l'indemnisation financière le cas échéant, il faut intégrer des coûts de recrutement et d'animation des bénévoles.

Azzedine Djouadi est ensuite intervenu en tant que directeur du garage solidaire AGIS 51, un garage solidaire et chantier d'insertion (retour à l'emploi et mobilité pour l'emploi). Le garage propose de la vente de véhicules d'occasion, avec un couplage micro-crédit. C'est un garage ouvert à tout le monde proposant des tarifs différenciés selon la situation des personnes.

Enfin, Hervé Waegenaire, a présenté le réseau Mob'In (dont il est administrateur), un réseau qui a pour mission d'accompagner les collectivités en Grand Est et au national dans les réponses apportées aux besoins de mobilité de leur territoire (mobilité accès à l'emploi, à la formation et mobilité sociale). Avec l'aide de l'État (fonds France relance), le réseau a mis en place Dora, un service public numérique qui permet aux structures de l'insertion de référencer simplement et mettre à jour en temps réel leur offre de service, et aux professionnels prescripteurs de rechercher et mobiliser rapidement le service le plus adapté au besoin de leur bénéficiaire.

Retrouvez le support de présentation ici

Retrouvez également le replay du club ici