Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Projet Port@il :  Retour sur la journée organisée par Famille rurales à Saint-Ouen
Publié le 12 juillet 2022 - mis à jour le 13 juillet 2022

PROJET PORT@IL : RETOUR SUR UNE JOURNÉE DE BILAN DU PROJET ORGANISÉE PAR FAMILLES RURALES

Port@il pour « Pôle rural télétravail @nimation intergénération loisirs » est un projet partenarial porté par Familles Rurales pour développer des tiers-lieux en milieu rural, projet cofinancé par des fonds européens (FEADER). Il s’est inscrit dans le cadre de l’appel à projets du Réseau rural français « Mobilisation collective pour le développement rural » (MCDR).

Initiée en 2018, l’expérimentation Port@il était une démarche apprenante de capitalisation autour d’expérimentations locales pour outiller des porteurs de projet qui contribuent au développement rural en ouvrant ces lieux de vie et de travail, espaces d’activité et de rencontre.  L’ambition de Familles Rurales était d’offrir des lieux ouverts et fédérateurs afin de créer des liens et des solidarités entre les acteurs du territoire et répondre aux nouveaux défis : révolution numérique, organisation du travail, animation du territoire, cohésion sociale.

Le projet initial concernait 25 sites sur 12 départements, 4 régions. Aujourd’hui, à la clôture du projet, certains projets n’ont pas abouti mais d’autres ont rejoint l’aventure. Ce sont aujourd’hui 35 tiers-lieux Familles Rurales qui sont en fonctionnement sur 8 régions ! Pour en savoir plus sur le projet, rendez-vous ici

A cette occasion, Familles Rurales organisait le 30 juin dernier une journée pour clore et capitaliser autour du projet port@il, évènement auquel 70 personnes ont participé, et notamment Patricia Andriot, vice-présidente du RTES, pour représenter le réseau.

La mode est au tiers-lieux. Les territoires ruraux n’échappent pas à ce phénomène. Ces lieux hybrides se multiplient et les exemples sont nombreux : vidéos et fiches pratiques, MOOC, manuel « Comment monter son tiers-lieux »… Le sujet commence à être documenté et outillé à l’issue du projet port@il. Au-delà de cette riche capitalisation, et d’un bilan/mesure d’impacts qui met l’accent sur la diversité des configurations (gouvernance, thématique, montage juridique, public,…) et qui confirme l’installation du concept dans les territoires ruraux, les réflexions collectives ont davantage porté sur le positionnement, les fonctions intrinsèques de ces lieux et de leur durabilité dans une période de clivages, de défis mais aussi de raretés de la ressource…

Une belle diversité de participant.e.s : des associations locales Familles rurales, quelques élu.e.s locaux de communes ayant des tiers-lieux, des partenaires (FNCUMA, France Tiers-Lieux, la Coopérative des tiers-lieux, l'AMRF, MSA, CNAF, Emmaus France, la Croix Rouge, des réseaux ruraux régionaux – Grand Est et Pays de Loire).

La journée a débutée avec un temps de projection d’outils de capitalisation (petits films de quelques minutes présentant une diversité de tiers-lieux), présentation du MOOC « Créer son tiers-lieu en milieu rural », présentation d’un extrait du film Entre les plis sur la coopération (autre MCDR).

Ce temps de clôture s’est donc organisé autour de 3 temps :

  • présentation/capitalisation
  • réflexion, bilan du projets
  • perspectives (sous forme d’ateliers..)

Les acquis

  • Un ouvrage « Créer son tiers-lieux en territoires ruraux », et un MOOC sur le même sujet, des courtes vidéos de présentation des tiers-lieux, un site ressources, diverses publications et articles sont les principaux outils produits pour favoriser l’essaimage et l’appui à la mise en place de tiers-lieux en milieu rural ;
  • De nombreuses journées d’échanges, de nouveaux partenariats, ont contribué tout au long du projet à échanger les pratiques mais aussi ont favorisé le décloisonnement des acteur.rice.s et une acculturation entre types d’acteur.rice.s (réseaux, société civile et acteurs institutionnels) ;
  • Et enfin, beaucoup de communications tout au long du projet sous diverses formes, des échanges aussi avec les acteur.rice.s au nationaux.ales des tiers-lieux ont permis une réelle connaissance et prise en compte des spécificités rurales dans cette grande dynamique en émergence des tiers-lieux.

Les réflexions/bilans en perspective

L’étude d’impact qui a été menée tout au long de l’étude confirme l’installation des tiers-lieux comme un outil à part entière de la revitalisation rurale ; souligne la très grande diversité de formes, de lieux investis, de modalités de gouvernance et de portage, de thématiques. Ce mouvement important révèle sans doute les prémices d’un renouveau de la coopération territoriale même si tout n’est pas un long fleuve tranquille ; les relations tiers-lieux/collectivités sont toujours un peu complexes. Entre bricolage, essais, nouvelles façons de faire, les tiers-lieux sont des sortes de "défricheurs" de territoire.

En 5 ans, on constate une forte émergence et la tendance à l’institutionnalisation des tiers-lieux (3500 tiers-lieux repérés au niveau national), et une reconnaissance croissante par les pouvoirs publics : l’Etat avec son dispositif NLNL et l’inscription dans l’agenda rural, le soutien de France Tiers-Lieux, les régions qui ont pour la plupart des dispositifs d’accompagnement, et les collectivités locales…

A noter aussi qu’il y a un retour de la reconnaissance et prise en compte de la ruralité dans les politiques publiques via l’agenda rural mais aussi une reconnaissance croissante des modèles hybrides.

Un champ de réflexion autour de la gouvernance : quel statut juridique adapté ? Comment les tiers-lieux peuvent être vecteurs de dialogues au sein d’un territoire, brique d’un projet de territoire ? Comment organiser la coopération plutôt que la concurrence sur les territoires dans un contexte de pénurie de moyens, de bénévoles, ... ? Quel place d’un tiers-lieux au sein d’un territoire ? Quelle reconnaissance ? Quelle légitimité ? Le tiers-lieu est-il facilitateur au sein d’un territoire ?

Pour conclure la journée, retour en synthèse sur la question transversale qui a traversé la journée : Comment faire des tiers-lieux non pas un équipement supplémentaire mais bien un espace pour une nouvelle configuration sociale de création de richesse territoriale, production de services, de communs et de valeur économique ?

Pour se faire, les grands enjeux pour la suite sont d’une part la pérennité économique et d’autre part celui du décloisonnement. Ces deux défis nécessitent d’installer la reconnaissance du caractère fondamentalement hybride de ces lieux. Cela interroge sur le fait de revoir les grilles habituelles de la logique économique comme celle de l’action publique en ce sens. L’adossement à un service de production reste une clef importante de la pérennité économique.