Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

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Publié le 5 juin 2020 - mis à jour le 9 juillet 2020

« Il va nous falloir apprendre à faire des choses plus grandes que ce que nous sommes » - Interview de Jérôme Saddier par Mahel Coppey

Jérôme Saddier est depuis 2019 président d'ESS France, la Chambre française de l'ESS qui représente l'ensemble des acteurs de l'ESS. ESS France est en première ligne pour porter la voix des acteurs de l'ESS et contribuer à faire en sorte que l'ESS soit un moteur de la transition nécessaire du modèle de développement économique, en incarnant le monde d’après et l’économie de demain. Mahel Coppey est présidente du RTES depuis septembre 2019.

Morceaux choisis

Mahel Coppey, présidente du RTES : Vous avez lancé récemment un appel s'adressant à tous ceux qui font l'ESS, « Pour que les Jours d'Après soient les Jours Heureux ! », dans lequel vous mettez en évidence que l'ESS porte des solutions et qu'elle peut et doit être au centre des réponses à la crise systémique que nous traversons. Pourquoi avoir lancé cet appel, et quels sont les premiers retours ?

Jérôme Saddier, président d'ESS France : Pour 3 raisons principales :

• il n'y a pas d'automaticité à ce que le monde d'après ressemble à ce que les acteurs de l'ESS désirent, il faut donc le construire, c'est un véritable combat politique.

• il y a beaucoup de bonnes volontés dans l'ESS, mais les acteurs ont besoin d'un cadre, d'une vision commune plus large pour agir.

• l'ESS doit apporter des réponses aux nouveaux besoins qui vont émerger de cette crise, au plus près des territoires.

Mahel Coppey : L'ESS est d'abord une économie ancrée dans les territoires, qui mobilise les ressources du territoire. Elle est engagée depuis de nombreuses années dans les circuits courts, la non-délocalisation ou la relocalisation d’activités. Comment voyez-vous les liens dans les territoires entre les acteurs de l'ESS et les collectivités locales ? Autour de quelles attentes principales ?

Jérôme Saddier : Nous avons besoin de mettre nos moyens en synergie, et de mailler le territoire au niveau infrarégional pour être plus opérationnel. Nous avons des modèles divers à construire, en expérimentant, en s'inspirant des PTCE notamment. Il y a aussi une clarification à mener sur les compétences des différents échelons, l'ESS ce n'est pas que du développement économique, cela ne concerne pas que les régions, mais aussi les départements, intercommunalités et communes.

Mahel Coppey : Le RTES et ESS France ont des relations fréquentes, au sein du Conseil Supérieur de l'ESS notamment, ou dans le cadre de concertations en terme d'actions de plaidoyer, dernièrement à l'occasion des élections européennes et des élections municipales, avec la démarche collégiale ESS France / RTES  / Labo de l'ESS : "Pas de municipales sans ESS". Dans l'après Covid19, quels sont les sujets prioritaires qui pourraient être travaillés conjointement ESS France / RTES, au niveau local, national et européen?

Jérôme Saddier : Nous devons d'abord approfondir le travail de plaidoyer ensemble, à l'occasion des prochaines élections (régionales, départementales puis présidentielle). Travailler sur les plans de relance en cours de préparation, mais aussi sur la complémentarité entre les différents échelons de collectivités.

Plus largement, il va nous falloir travailler sur l'identification de besoins insatisfaits et la coconstruction de solutions en apportant de nouveaux services à la population : à créer, à faire changer d'échelle, ou à relocaliser. L'ESS doit notamment s'incarner dans des lieux conviviaux proches des habitants, les nouveaux télétravailleurs.

Chacun dans l'ESS a trop tendance à travailler dans son couloir. Si on veut être à la hauteur des enjeux qui sont devant nous, il va nous falloir apprendre à faire des choses plus grandes que ce que nous sommes.