Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

L’ESS, une économie porteuse de solutions concrètes aux besoins des quartiers - Siham Labich, élue à l'ESS, Saint-Etienne Métropole
Publié le 7 décembre 2022 - mis à jour le 16 janvier 2023

L’ESS, une économie porteuse de solutions concrètes aux besoins des quartiers - Siham Labich, élue à l'ESS, Saint-Etienne Métropole

Siham Labich est vice-présidente en charge de l'économie circulaire et de l’ESS à Saint-Etienne Métropole, et adjointe à la ville de Saint-Etienne en charge de la politique de la ville, de l'éducation populaire et de la laïcité. Elle revient pour nous sur le développement de la politique de la ville en lien avec l'ESS à Saint-Etienne Métropole, sur le club des collectivités pour l'ESS "Dynamiser les centres-villes et centres-bourgs avec l'ESS" et sur son implication au RTES.

La délégation “économie circulaire et ESS” est une nouvelle délégation qui m’a été confiée dès 2020. J’étais auparavant élue à la ville de Saint-Etienne en charge de l’éducation populaire et à Saint-Etienne Métropole en charge du transfert des compétences sociales du Département de la Loire à la Métropole.

Vous serez présente au séminaire national Politique de la Ville & ESS le 25 janvier 2023 coorganisé par le RTES et de nombreux partenaires. Comment Saint-Etienne Métropole développe la politique de la ville sur son territoire en lien avec l'ESS ?

Il y a à Saint-Etienne Métropole une transversalité entre politique de la ville et ESS pour la simple et bonne raison que l’ESS est une économie porteuse de solutions concrètes à un certain nombre de besoins, de difficultés et d’attentes portés par les habitant.e.s et les territoires. Saint-Etienne Métropole fait partie des métropoles ayant le plus grand nombre de salarié.e.s dans l’ESS (14% de l’emploi total et 19% de l'emploi privé, soit 35% de plus que la moyenne nationale).  Nous nous appuyons sur l’ESS à travers notamment un programme d’accompagnement ambitieux à destination des structures, entreprises et associations de l’ESS pour les aider à se développer, le Programme de Coopération de l’Économie Sociale et Solidaire (PROCESS). On s’appuie sur ce programme pour faire rayonner cette façon d'entreprendre sur notre territoire et pour développer nos politiques publiques sur les quartiers politique de la ville.

L'ESS a par exemple toute sa place au sein du projet Quartiers Fertile1. Partout où des immeubles sont détruits, nous faisons en sorte de ne pas reconstruire d’habitations mais plutôt de faire revenir la nature en ville pour améliorer le cadre de vie, de végétaliser ces nouveaux espaces, de créer des aires vertes de respiration ou de construire des programmes d’aménagement en lien avec l’agriculture urbaine. Dans le quartier de la Cotonne-Montferré par exemple, quartier dans lequel deux tours importantes vont être démolies ainsi qu’un bloc de garages, plusieurs hectares de foncier vont accueillir une pépinière d’agriculture urbaine, mis à disposition du Pôle Territorial de Coopération Economique (PTCE) en cours de création autour de l’alimentation. Ce PTCE regroupera plusieurs entreprises et associations de l’ESS avec lesquelles nous travaillons déjà dans le cadre de notre Projet Alimentaire Territorial (PAT). Ce projet ambitieux comprendra tout d'abord un lieu de formation pour les professionnels de l'ESS, ainsi qu'un espace-ressources. Il comprendra également un 2ème espace cuisine pour transformer les fruits et légumes plantés et récoltés en extérieur, auquel sera adossée une conserverie, et un troisième espace, celui-ci pédagogique, mis à disposition des habitant.e.s, des scolaires, des centres de loisirs et des structures d'éducation populaire pour travailler autour du bien manger.

Vous avez accueilli en mai dernier le Club des collectivités pour l’ESS en Auvergne-Rhône-Alpes autour de la thématique : "Dynamiser les centres-villes et centres-bourgs avec l'ESS", club coanimé par la CRESS et le RTES. Quel est votre regard sur le sujet et les suites de ce rendez-vous ?

En effet, nous avons accueilli ce club des collectivités car il répond à un des premiers axes du PROCESS, qui consiste à sensibiliser, communiquer et valoriser les atouts et bénéfices de l’ESS auprès de nos élu.e.s et des agent.e.s des collectivités de notre territoire. A cette occasion, nous avons invité plusieurs élu.e.s et agents techniques communaux pour leur démontrer que l'ESS est une véritable solution pour répondre à des problématiques rencontrées aussi bien en centre-bourgs (milieu rural) qu’en centre-ville de communes péri-urbaines et urbaines, pour pouvoir par exemple investir des rez-de-chaussée vacants où nous ne parvenons pas à maintenir des commerces classiques en activité. Nous savons que la problématique de foncier pour les entreprises de l’ESS est un véritable sujet car il leur est compliqué de trouver des espaces pour se développer, pérenniser leur projet ou encore accompagner leur croissance et leur changement d’échelle. Le foncier est un aspect primordial pour développer leur activité et soutenir leur modèle. 

Finalement ce club a permis aux élu.e.s présents de se rendre compte, à l'écoute d'un certain nombre de témoignages éloquents sur le sujet venant de la part d'autres élu.e.s et entreprises de l'ESS, à quel point l'ESS est un modèle économique qui fonctionne.  Il ne s'agit pas juste d'un commerce qui vient s’installer, mais il y a derrière ces projets ESS tout un cercle vertueux qui se met en place. L’ESS a la particularité de créer du lien social et d’aller chercher des habitant.e.s qui adhèrent à un projet, à une vision (changements à long terme, consommation et comportements plus responsables et durables…). Dès qu'une entreprise de l’ESS s’installe, un travail de pédagogie auprès des habitant.e.s est souvent réalisé. Cette démarche fonctionne car les habitant.e.s sont acteurs d'une consommation plus responsable et durable, une démarche permettant ainsi de les fidéliser.

Nous comptons relancer ce club des collectivités car il y a une vraie demande de la part des élu.e.s qui étaient présents, mais aussi de ceux qui n'ont pu y assister.

Vous avez été élue au Conseil d'administration du RTES en juillet dernier. Qu'est ce qui a motivé cette implication ? Quelles sont vos attentes vis-à-vis du réseau ?

J’ai découvert que le RTES était bien plus qu’un réseau d’élu.e.s engagé.e.s pour l’ESS, mais aussi un véritable centre ressources qui met à notre disposition des outils, publications et supports intéressants et importants sur lesquels s’appuyer pour développer l’ESS, et notamment pour des personnes nouvellement élu.e.s qui découvrent l’ESS.

Le RTES est un réseau accueillant, bienveillant, qui s'intéresse aux dynamiques de nos territoires. L'état d'esprit et le professionnalisme du RTES incitent à nous impliquer davantage, à partager nos expériences et à soutenir les différents chantiers portés par le réseau. C’est pourquoi j’ai accepté la proposition d'engager la Métropole de Saint-Etienne et de proposer notre candidature au Conseil d’Administration du RTES. La Métropole a souhaité faire partie du RTES d’une part pour valoriser sa spécificité, les initiatives qui se multiplient sur notre territoire, pour faire en sorte que les associations et entreprises de notre territoire soient fières d'être mises en lumière et reconnues pour leur travail et leur engagement, mais aussi et surtout pour bouger les lignes, défendre ce modèle d'entreprendre en sensibilisant les décideurs et les Ministères sur l’importance de l’économie sociale et solidaire, garante d'un développement économique plus vertueux, écologique et responsable.

 

1 - Saint-Etienne Métropole est lauréat de cet appel à projets lancé par l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU), avec le Ministère de la politique de la ville et du renouvellement urbain et le Ministère de l’agriculture il y a 4 ans. Cet appel à projets incite les collectivités à repenser les aménagements au sein des QPV et les invite à développer des projets en lien avec l’agriculture urbaine.