Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

J Rubes
Publié le 27 février 2019 - mis à jour le 5 mars 2019

« Intégrer l’ESS dans l’ensemble des politiques de la Métropole » - Entretien avec Jérôme Rubes

Jérome Rubes est vice-président en charge de l’emploi, de l’insertion et de l’ESS de Grenoble Alpes Métropole. A mi-parcours du plan de développement de l’ESS et à quelques jours de l’accueil à Grenoble de la 5ème Rencontre nationale des collectivités autour des monnaies locales, il nous présente les orientations et réalisations de la Métropole.

Quelle évaluation faites-vous à mi-parcours du plan de développement de l'ESS 2016-2020 de Grenoble-Alpes Métropole ? Quelles réalisations ? Et quelles difficultés rencontrées ?

Ce plan de développement, co-construit avec les acteurs, se veut un plan de consolidation de l'ESS, autour de deux objectifs majeurs : intégrer l'ESS dans l'ensemble des politiques publiques de notre métropole et faire le lien avec les nouvelles formes d'entrepreneuriat. Il s'agit aussi d'assurer un portage politique constant de l'ESS. Le précédent mandat visait davantage l'accompagnement de l'émergence et du développement d'activités, notamment via la construction des locaux d'activités ARTIS.

Nous avons mis en place avec GAIA (Grenoble Alpes Initiative Active, membre du réseau France Active) un outil d'aide au développement économique qui se décline en 3 axes :

  • le Dispositif Local d'Accompagnement.
  • le fonds FINESS d'avances comptables, qui est né du constat qu'il existe un laps de temps assez long pour affecter les subventions aux structures de l'ESS, notamment les SIAE, qui vient mettre en difficulté comptable ces structures.
  • et le Labo des partenariats qui vise à développer la mise en relation entre entreprises classiques et entreprises de l'ESS pour développer des coopérations économiques. Cela passe notamment par la démarche « Start up de territoire » dont nous sommes partenaires et qui vise pour nous à faire le lien avec les entrepreneurs sociaux qui ne se retrouvent pas forcément dans les statuts de l'ESS. Nous avons accueilli une édition en novembre 2018 à l'école de management de Grenoble qui a rassemblé de nombreux acteurs.

On retrouve ce lien avec les nouvelles formes d'entrepreneuriat dans l'axe « communication / sensibilisation à l'ESS » de notre plan de développement, dans le cadre duquel nous avons structuré une démarche de sensibilisation à l'entreprendre autrement avec les chambres consulaires. Sur la communication, nous travaillons avec Alpes Solidaires, un portail internet dédié à l'ESS, qui est en train de rénover son site, et qui a publié de nombreux ouvrages, sur l'histoire de l'ESS du territoire et avec qui nous travaillons sur un ouvrage de prospective sur l'avenir de l'ESS dans notre métropole.

Notre autre objectif central est d'intégrer l'ESS dans nos différentes politiques publiques. Depuis 2015, Grenoble Alpes Métropole est passée sous le statut de métropole avec de nouvelles compétences propres. Nous faisons en sorte que l'ESS soit présente de manière transversale, dans la politique déchet/réemploi par exemple, ou dans la politique de transition énergétique.

L'axe du plan de développement sur les ressources humaines des structures de l'ESS reste aujourd'hui à approfondir. Les acteurs de l'ESS, qui ont co-construit notre plan de développement, avaient souhaité travailler sur cette question, notamment sur le fait d'assurer une transition sereine des structures lors du départ de dirigeants historiques, ou encore sur la question du « management autrement » au sein des structures. Sciences Po Grenoble nous accompagne sur ce chantier, et de manière plus globale, sur la démarche d'observation et d'évaluation du plan de développement. Sciences Po, et notamment Amélie Artis, nous a accompagné dans l'élaboration de « portraits communaux de l'ESS » et organise chaque année un séminaire sur l'ESS.

Pour le prochain mandat, je souhaite que l'objectif soit de favoriser l'expansion de l'ESS dans l'économie grenobloise.

Quel soutien à la monnaie locale « Le Cairn » dans ce cadre ?

Dans notre plan de développement, nous considérons le Cairn comme un véritable outil de développement du territoire, venant favoriser l'économie locale et les circuits courts.

Suite à l'échec de l'expérience du Sol sur notre territoire, nous avons souhaité changer d'approche et sortir des préjugés sur une monnaie militante « pour bobos ».

Nous travaillons aujourd'hui étroitement avec l'association « Le Cairn - Monnaie locale et citoyenne» (voir notre article dédié) qui compte des bénévoles très impliqués, et nous la soutenons sur trois volets :

  • un soutien financier, avec une aide au démarrage (35000 euros en 2017) et pour le développement de la version numérique du Cairn. À terme, le Cairn a la volonté de s'autofinancer en atteignant une masse critique d'adhérents et d'entreprises.
  • un rôle d'animateur du réseau pour promouvoir la monnaie locale,
  • unfacilitateur des rencontres avec les entreprises, en impliquant les salariés de grands groupes présents sur le territoire, ou en faisant le lien avec les entreprises partenaires de la métropole. Par exemple, nous avons fait le lien avec le réseau de transports en commun « TAG » qui commence à accepter les Cairn pour payer les tickets de transport. Apartir d'avril 2019, on pourra payer son abonnement à MétroVélo en Cairn. Nous sommes en discussion avec les Eaux de Grenoble et Gaz et Électricité de Grenoble pour que ces entreprises rentrent aussi dans la démarche. Nous faisons aussi la promotion du Cairn auprès d'autres collectivités, le territoire de circulation de du Cairn ne s'arrêtant pas à Grenoble et sa métropole mais concernant tout le centre et sud de l'Isère. L'idée est de faciliter une bonne circulation de la monnaie, en englobant les territoires concernés par les chaines d'approvisionnement, alimentaires notamment, de la métropole grenobloise.

Quelles sont vos attentes vis-à-vis du RTES ?

Le RTES favorise le partage d'expériences sur les politiques mises en place dans les différents territoires et la rencontre entre collectivités du territoire, avec par exemple la 1ère rencontre Auvergne Rhône Alpes des collectivités autour de l'ESS qui avait été co-organisée par le RTES en juin 2018. Nous n'avons pas forcément le temps au quotidien d'aller voir ce qui se fait ailleurs, ces journées permettent de se focaliser sur un ou deux projets et de voir comment les extrapoler sur notre territoire.

J'attends également du RTES qu'il porte les bonnes idées de ses territoires adhérents au niveau national, qu'il soit force de proposition pour amener à modifier ou faire émerger de nouveaux textes de lois.