Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 27 octobre 2011

Préserver le bocage en valorisant son potentiel énergétique

C'est autour de cette idée que se développe depuis 5 ans l'activité de Bois Bocage Energie, une Scic créée dans l'Orne, qui transforme et distribue des plaquettes de bois issues de la taille des haies du bocage normand. Valoriser le bois issu de l'entretien du bocage, c'est affirmer son intérêt économique en plus de son rôle environnemental et paysager. Rencontre avec Gilles Delaunay, paysan et PDG de la Scic Bois Bocage Energie.

Entre préservation de l'environnement et développement local, comment s'est constitué votre projet ? Le bocage est un emblème des paysages normands et il a un rôle essentiel pour la préservation de la biodiversité. C'est un formidable aménagement contre le ruissellement et l'érosion des sols. Depuis 2001, l'entretien des haies est assuré grâce à l'équipement d'une déchiqueteuse dans le cadre d'un regroupement en Cuma. En 2005, la nécessité d'investir dans une machine plus performante a nécessité de renforcer les débouchés document.jpg économiques du déchiquetage. Notre volonté d'investir a alors croisé deux projets locaux : la commune de Chanu souhaitait équiper sa maison de retraite d'une chaudière bois, et la communauté de commune d'Athis se confrontait à la question de l'énergie suite à son refus de voir implanter un site d'enfouissement de déchets nucléaires sur son territoire. Une convergence de vues s'est faite autour de la reconnaissance des haies comme ressource énergétique, et sur l'impact positif de leur valorisation économique pour leur préservation et leur développement. Comment chacun a trouvé sa place dans un fonctionnement coopératif ? En 2006, la société est créée sous un statut de Scic SARL. En 2010, après avoir dépassé les 100 membres, nous nous sommes transformés en Scic SA au capital variable de 20 000 €. Nous comptons aujourd'hui 5 collèges rassemblant une centaine d'associés : les 18 collectivités locales membres, les clients, les producteurs, les salariés et les partenaires dont la Cuma mais aussi des associations de protection de l'environnement et des entreprises privées. document.jpgLe rôle de Bois Bocage Energie est de structurer la filière en favorisant des retombées pour l'économie locale, en garantissant un prix correct aux clients, en préservant et développant la ressource. Nous nous engageons donc à ne pas acheter de bois provenant de la destruction des haies et à rémunérer correctement les paysans qui nous approvisionnent. Les rôles sont bien définis : les paysans taillent, la Cuma déchiquette, et la Scic stocke, sèche, vend et organise la livraison depuis ces 11 antennes. La Scic s'engage également sur la qualité des plaquettes vendues. Nous n'achetons aux producteurs que ce qui nous a préalablement été commandé par nos clients ; des collectivités, des entreprises privées ou des particuliers. Comment s'impliquent les collectivités ? Les 18 collectivités membres sont des partenaires essentiels au projet. Elles ne peuvent pas posséder plus de 20 % du capital de la Scic mais elles ont investi dans les bâtiments des quatre plates-formes de séchage et stockage document.jpg et les louent à Bois Bocage Energie. Elles sont aussi nos clients, puisque nous répondons aux appels d'offres qu'elles lancent pour s'approvisionner en plaquettes. Dans ce cas nous sommes vigilants à ce que l'élu représentant la collectivité dans la Scic, ne soit pas impliqué dans le processus de l'appel d'offres. Enfin, nous proposons aux collectivités des études et de l'assistance à la maîtrise d'ouvrage sur l'installation de chaudières à plaquettes. Quels sont vos prochains développements ? Nous sommes aujourd'hui à préciser encore notre connaissance de la filière, les coûts de fonctionnement, la gestion des volumes. Nous réfléchissons notamment à investir pour faciliter la livraison des plaquettes, mais aussi à favoriser l'installation des chaudières collectives avec la mise au point, en partenariat avec un artisan local, d'une chaudière portative prête à l'emploi ne nécessitant pas de génie civil. Nous sommes plutôt satisfaits de la progression de notre chiffre d'affaires - environ 300 000 € en 2010 - et de l'intérêt que suscite notre projet. Pour répondre au nombre croissant des demandes d'informations d'élus sur ce mode de chauffage collectif écologique, nous organisons régulièrement dans l'année des journées de formation et de nombreux projets similaires ont démarré ou sont à l'étude en Normandie et dans le Grand Ouest. Visiter le site de bois bocage énergie : www.boisbocageenergie.fr Voir ici la présentation powerpoint du projet par le maire de Chanu.