Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 10 avril 2012

« L’ESS n’a de leçons à recevoir de personne »

Aide à domicile de profession, Pascale Semet siège au Conseil régional d'Auvergne depuis 2004. En 2010, elle est élue Vice-présidente chargée de l'ESS, de la politique de la ville et du logement. Cette délégation consacrée à l'ESS, une reconnaissance de l'importance et de la spécificité du secteur, elle l'appelait de ses vœux et militait pour sa création. Rencontre.

Au service des habitants, pour développer les territoires L'ESS auvergnate représente 12 % des emplois et compte un grand nombre de petites structures au rôle essentiel pour la cohésion sociale et l'attractivité de nos territoires ruraux. Je pense notamment au travail des associations culturelles ou d'aide à la personne mais aussi au monde agricole où l'ESS innove en accompagnant le développement des circuits-courts et de l'agriculture biologique. L'ESS apporte des solutions pour répondre aux besoins des habitants et maintenir des formes de services publics dans des zones rurales où malheureusement ces derniers disparaissent. document.jpg

Un soutien récent du Conseil régional En 2005, 200 000 € étaient alloués au développement de l'ESS auvergnate. Aujourd'hui, le budget ESS s'élève à 2 millions d'euros et permet de proposer une large palette d'outils pour appuyer la structuration du secteur, y développer l'emploi et faciliter ses investissements. Nous avons par exemple ouvert l'accès au Fonds d’Investissement Auvergne Durable (FIAD) aux acteurs de l'ESS en donnant à l'innovation sociale, un des points forts du secteur, la même importance qu'à l'innovation technologique. La création de ce fonds nous a permis de collecter 20 millions d'euros auprès des auvergnats pour financer les projets des acteurs économiques locaux. Ces investissements doivent respecter trois critères : innovation, création d'emplois et développement territorial. Avec les aides à l'accompagnement sur le montage de projets nous offrons ainsi un véritable bouquet de services.

Pour un mieux-vivre ensemble Le logement et la question du remplacement des chefs d'entreprises qui document.jpgpartent en retraite sont deux thèmes sur lesquels nous souhaitons agir fortement. En partenariat avec l'Urscop et les chambres consulaires, nous avons ainsi mis en place des programmes pour anticiper et accompagner le départ en retraite des dirigeants des petites entreprises et favoriser leur reprise en Scop par les salariés. L'enjeu est crucial pour le maintien et le développement d'activités économiques et de l'emploi dans les territoires ruraux. Nos politiques autour du logement répondent à ce même objectif du mieux vivre. En partenariat avec les bailleurs sociaux nous travaillons avec l'association des Compagnons Bâtisseurs sur des programmes d'auto-réhabilitation accompagnée à Clermont-Ferrand et à Thiers. Ces actions permettent d'améliorer le cadre de vie de locataires ou de propriétaires occupants à faibles ressources, et de renforcer solidarité et lien social en mobilisant les voisins sur ces actions. Nous réfléchissons également à l'accompagnement de projets autour de l'« habiter autrement », notamment l'habitat groupé, une approche solidaire de la promotion immobilière.

Des salariés impliqués et heureux Le besoin de faire connaître le secteur auprès du grand public est criant. On aurait pu penser que la crise allait entraîner une plus grande prise de conscience de l'utilité et des forces de l'ESS. Elle a en effet mieux résisté à la crise grâce à ses statuts, qui prévoient par exemple des réserves document.jpgimpartageables, mais aussi grâce à ses salariés souvent plus impliqués et plus heureux. Les acteurs doivent mettre en avant ces atouts et casser l'image d'un secteur subventionné qui ne serait pas dans l'économie réelle. Donner de la valeur, quantifier ce qu'apporte l'ESS aux territoires est un enjeu fort. Il ne faut pas oublier que l'économie « classique » bénéficie aussi de nombreuses aides des pouvoirs publics sans que l'on mesure toujours d'impacts positifs. L'ESS n'a donc de leçon à recevoir de personne mais doit agir pour mieux faire reconnaître son importance. C'est en cela que des réseaux comme le RTES sont importants. Rejoindre le RTES c'est porter collectivement ce message et s'enrichir des expériences de collectivités locales très différentes.  Photos cc, de haut en bas: ecololo, Eric, Gwenaël Piaser