Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Jacques Napiéraj
Publié le 10 mai 2013 - mis à jour le 5 février 2019

Conseil départemental de l’ESS du Pas-de-Calais : Des propositions concrètes à la clé

En avril dernier, avait lieu la première séance du Conseil Départemental de l’ESS du Pas-de-Calais. Une instance rattachée au CG et composée de représentants de l’ESS de tous horizons : têtes de réseaux mais aussi financeurs et universitaires. Objectif ? Soumettre au département des propositions concrètes que ce dernier s’engage à intégrer à ses perspectives de travail. Mieux, à tester dans un avenir proche. Entretien avec Jacques Napieraj, conseiller général en charge de l'ESS et responsable du pilotage du CDESS 62.

Pourquoi la création du Conseil spécifique dédié à l'économie sociale et solidaire au sein du département ?

Après le dernier renouvellement du conseil général en 2011, Dominique Dupilet, le président, m'a confié la charge du développement de l'ESS. Une mission que je n’imaginais pas mener sans partir du terrain. Aussi, je suis allé à la rencontre des acteurs de nos territoires pour sonder les besoins comme les propositions. Tous ces partenaires avec lesquels nous travaillions déjà ont apprécié la démarche. Ils y ont vu une opportunité de travailler de façon concertée, coordonnée, avec à la clé de vrais aboutissements décisionnels avec leurs élus. De nos échanges est né le souhait commun de créer une instance qui structurerait ce travail, dans la durée.

document.gifParlez-nous du fonctionnement du CDESS 62 : concrètement, comment travaillez-vous, avec qui ? Quelles sont vos échéances de travail ?

Le CDESS comprend aujourd’hui quelque 70 membres. Il est organisé en 9 collèges rassemblant les institutionnels et les acteurs de l’ESS : les acteurs de l’IAE que nous connaissions déjà bien mais plus généralement les têtes de réseau associatives et mutualistes, des acteurs de la finance solidaire, des syndicats, des universitaires, etc. L'idée est bien de réunir toutes les matières grises ! Les réflexions sont organisées sous forme d’ateliers thématiques, représentés chacun par un ou deux rapporteurs issus du terrain, et chargés de faire remonter leurs conclusions au reste du Conseil qui se réunira à raison d’une fois par trimestre. La mécanique est la suivante : le CDESS est force de proposition auprès du CG. Si un avis est partagé à l’unanimité, il intégrera les perspectives de travail du Département. Si l’unanimité n’est pas réunie, les élus trancheront.

Le département aura, je vous cite, « la charge de mettre en application les perspectives dégagées par le CDESS 62. » N’est-il pas ambitieux de vous engager sur le principe sans connaître la nature précise des futures propositions ?

Il faut bien avoir en tête que nous travaillons ensemble. Le conseil général met à disposition du CDESS ses capacités. Nous avons les outils et les budgets... Un exemple ? Les commandes publiques existent ! A nous de mettre en place les leviers pour que les structures de l’ESS s’en emparent. En somme, l’une des premières questions à se poser est : comment utiliser l’argent existant au service du développement de l'ESS ? Comment amorcer le cercle vertueux ?

Lors de la première séance du CDESS le 4 avril, vous avez annoncé : « Le but de cette journée est d'avoir des choses concrètes et pratiques à mettre en oeuvre ». Cette première séance a-t-elle répondu à vos attentes ?

Très certainement mais il est encore un peu tôt pour faire un retour. Cela dit, les ateliers, dont les thèmes ont été définis par les membres du CDESS eux-mêmes, induisent des propositions concrètes. De la rédaction d’une charte de l’ESS à l’harmonisation des procédures administratives – rappelons qu’aujourd’hui chaque financeur a sa mécanique propre – en passant par l’étude des solutions de financement des structures de l’ESS…

Benoît Hamon déclarait lors de l'installation du CDESS qu'il « apportera sans aucun doute des solutions à l’échelle nationale pour sortir de la crise ». Comment réagissez-vous à cette intervention ?

Si nous pouvons être utiles dans notre démarche à l’élaboration de réponses nationales, nous ne pouvons que nous en réjouir, car il reste beaucoup de travail à faire. Le secteur de l’ESS résiste mieux à la crise que le secteur capitaliste car il obéit à d’autres motivations que la recherche de profit. L’ESS répond à des besoins locaux et crée de l’emploi... Pour autant, pas un mot ou presque sur ce secteur et ses valeurs dans les programmes scolaires. Quant aux accompagnateurs des créateurs d’entreprises, rares sont ceux qui pensent « ESS ». Autant d’exemples qui appellent à une vraie promotion d’envergure de ce secteur !

document.gif Si vous aviez une priorité pour développer l’ESS, quelle serait-elle ?

Communiquer sur ce qu'est l'ESS, en faire passer l'idée auprès d'un maximum de personnes et en particulier des jeunes. Sinon, comment la développer ? L’ESS est une formule d’avenir, encore faut-il qu’elle soit comprise. Le ministre délégué Benoît Hamon dit que les deux formes d’économie peuvent coexister… Je pense en revanche que l’ESS peut se substituer à l’économie capitaliste, car elle apporte d’autres réponses que le gain financier. C’est une philosophie de vie. L’enjeu est là. Les aspects financiers ou administratifs sont annexes. Si, dans une collectivité territoriale, les différentes directions, leurs cadres et leurs techniciens sont convaincus, c’est gagné…

Un mot sur le RTES. Qu'attendez-vous de ce réseau ?

J’en attends des retours d’expériences, et espère aussi y apporter quelque chose. Aujourd’hui, je continue d’asseoir ma mission et le CDESS en est une étape clé… Mais j’ai bien l’intention de m’intéresser aux autres initiatives innovantes, notamment celles que peuvent nous offrir nos voisins européens.

Jacques Napieraj est Conseiller Général depuis 2008. Il est aussi Maire d’Isbergues, président de la communauté de communes d'Artois Flandre. Cet ancien président de la Ligue de l’enseignement 62 est également président d’une mission locale ainsi que du PLIE de Bethune.

Crédits photo : CG62 et Yannick Cadart